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serez courageuse, écrivait-il, et vous repousserez la douleur comme l'injustice, vous la repousserez comme l’ennemie de celui qui vous aime, qui vous aime uniquement, qui ne veut de l ’affection de personne, car il est si jaloux de sa passion pour vous, qu’il craindrait qu’un sentiment tendre pour qui que ce soit ne fût pour vous une injustice. Ayez donc des amis, avec d’autres affections, je ne le blâme point, je l’approuve ; mais permettez-moi de n’aimer que vous, car je ne peux aimer que vous. D’ailleurs, les douleurs qui viennent d’une passion aussi élevée que la nôtre ne sont pas des peines communes, et c’est bien quelque chose que d’être à l’abri de la sympathie vulgaire, sa pitié, sa consolation ! »

Dans une de ses courses à Paris il me conseilla de réfléchir, de prendre bien mes résolutions. Je lui écrivis aussitôt pour rompre avec lui, je lui dis que, puisqu’il parlait de réfléchir et de se décider, il fallait se décider tout de suite. Ne méritait-il pas cette punition ? 11 me répondit de la campagne avec violence, qu’il n’avait jamais pensé à rompre ; mais, que j’étais libre, que son dessein, au contraire, était, si j’avais trop souffert, de rompre avec l’Eglise, que sa résolution était prise, mais que j’étais libre, que j’allais renaître et retrouver ma cour habituelle ; que je n’étais ni forte ni passionnée, qu’il m’avait cru un caractère au-dessus des autres femmes, mais que je ne l’avais point, etc. Il vint à Paris indigné. Nous nous expliquâmes. Je lui demandai s’il n’avait pas bien mérité cet adieu ? Il comprit alors que je n’y avais pas cru. Il retourna à la campagne encore plus épris et il m’écrivit ainsi sur cette rupture passagère :