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sirs assez vifs. Ils ne savent pas se les rappeler, les regretter, les vouloir. Ils vivent au jour le jour. »


Mes cahiers contenaient d’assez longues considérations sur la politique en Angleterre, en France, sur le crime et l’organisation du criminel, sa responsabilité, etc. Il y avait des aperçus sur la société, la province, etc., etc. J’avais aussi écrit le caractère de ’ plusieurs de mes amis, celui de Jérôme que je ne connaissais qu’imparfaitement, celui de quelques femmes que je connaissais bien, celui de Fabvier et d’autres personnes. Madame Bertrand s’apercevait que j’étais souffrante ; elle me dit un jour qu’il fallait que je me mariasse.

— Vous êtes malade, me dit-elle, très-malade, ne vous en effrayez-vous point ? Vous allez mourir. .le ne croyais pas cela. Je n’ai jamais eu la moindre crainte sur ma santé, je ne la croyais altérée qu’en passant.

Jérôme devait rester encore en France avec son père et passait l’hiver à Paris chez madame de Surpré. Sir John Ervel, son père, était un catholique fervent, appuyant sa politique de sa foi, et sa foi de sa politique : frappé des hautes qualités de son (ils, il y attachait la plus grande ambition, mais il laissait son fils libre d’aller dans le monde, sans contrarier sa jeunesse, ne lui faisait sentir que rarement son autorité, et ne le pressait point de se lier par des vœux qu’il ne devait prononcer qu’à leur retour à Rome.