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parfum des bois le remplissait. Si, au lever du jour, on allait parcourir ces bois profonds, et s’enfoncer sous leur humide ombrage, le chant des oiseaux interrompait seul le silence d’une si tranquille solitude. Même au milieu du jour, le silence était parfait, tel seulement qu’on le trouve au sein des bois ; et si une foule bruyante et parée, si le monde avec ses plaisirs, habitait encore parfois le château, on pouvait toujours, en s’éloignant dans le parc, en gagnant des bois sans limites, retrouver les impressions et l’oubli d’un séjour champêtre. Ainsi, je cherchais la solitude quand le monde venait au Vallon pour m’importuner. Ainsi, j’emportais l’image de Laure et le souvenir de sa bonté, quand elle était occupée à recevoir ses amis, à donner des ordres, à faire avec sa bienveillance ordinaire, les honneurs de sa maison.

Le monde commençait à m’apparaître et à me séduire pourtant, dans son agrément d’esprit. J’étais filleule de la duchesse Hortense de Raguse ; et, durant ma jeunesse, elle m’avait prise longtemps avec elle à la campagne, avant la mort de ma mère, et elle m’avait fait connaître chez elle le monde et la douceur d’y plaire. La duchesse était une femme distinguée, de beaucoup de caractère et d’esprit. Elle s’amusait de me voir, comme à elle, une humeur très-indépendante.

J’étais, dès lors, ambitieuse, aventureuse, agréable, et ainsi en danger. Je n’aurais pas voulu une vie obscure. J’aimais les lettres et j’y mettais mes espérances. La vie, le monde, loin de m’inquiéter, m’attiraient vivement. Je m’élançais avec transport vers l’avenir Une circonstance acheva de rendre plus tendres mes