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avec tendresse et avec bonté. Pour moi, étonnée de son autorité, plus séduite jusqu’ici par les qualités de la fermeté que par celles du sentiment, je voyais cette femme dans l’union de la sensibilité et de l’héroïsme, éveiller ma tendresse par les qualités qui m’avaient le plus séduite.

On parle beaucoup des plaisirs, des souvenirs de l’enfance ; je ne les ai guère goûtés : d’une santé délicate qui aurait eu besoin du séjour de la campagne, je ne connus l’existence qu’en commençant à lire, en vivant en dehors de moi.

M. Arnault, l’académicien, parle, dans ses mémoires, de la maison de Talma et de sa première femme, si célèbre par son esprit. Il cite les hommes distingués qu’on y voyait ; il dit : « Souques, Riouffe, Lenoir, d’Herblay étaient les habitués de la maison. Ce ne sont pas des hommes du commun ; tous ont fait preuve d’une rare capacité dans des facultés différentes. » Il décrit leurs différents caractères, et, arrivé à d’Herblay, mon père, il dit : « d’Herblay joignait le goût des arts à l’intelligence des affaires. Leur consacrant sa vie, non tout entière, car il en donnait le plus qu’il pouvait aux plaisirs, il était surtout homme du monde. Il avait au plus haut degré le sentiment de l’esprit d’autrui. Il aimait passionnément le théâtre. De là sa liaison intime avec Talma et avec Chénier, et de là sa liaison plus intime avec une personne qui avait obtenu de grands succès dans la tragédie, avec mademoiselle Desgarcins. Cette dernière liaison, qui s’était liée de la manière la plus douce, se dénoua de la manière la plus douloureuse. Mademoiselle Desgarcins, soupçonnant qu’elle avait une rivale (elle ne se trompait que quant au nombre), arrive un matin chez d’Herblay pour le forcer à s’expliquer. C’était Hermione