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Mais comment pourrait-on rejeter le mariage, la famille basée sur la nature de l’homme ? A-t-on pu parler de mobilité, de changemens perpétuels ? Chaque femme n’a-t-elle pas une grossesse de neuf mois ! Là est la question. N’a-t-elle pas un allaitement d’un an ? Sera-t-elle mère près d’un autre homme que le père de son enfant ? Quoi ! le créateur aurait-il établi si mal la paternité ? Si de tels cas se rencontrent, ce sont des exceptions : c’est un malheur ; la femme n’y consentira pas deux fois.

Étudions le genre humain à sa source, dans les villages et là où il est énergique chez les grands hommes. Nous verrons au village les affections de la jeunesse parvenir à l’âge mûr ; et, chez les grands hommes, nous trouverons le besoin des affections éternelles et profondes. Le cœur ne développe sa puissance que par la durée : il faut avoir aimé, étudié un homme, l’avoir accompagne au loin, soigné malade, quitté, retrouvé : il faut des événemens et des années pour faire une passion. Si vous observez les caractères tendres et timides, vous leur trouverez le besoin de la fidélité ; mais combien plus vous le trouverez chez les grands caractères. Sans doute des hommes et des femmes illustres, las d’être mal compris ou trompés, pressés par le besoin terrible d’aimer, ont jeté leurs sentimens au vent, sans espérance et sans illusion, quoique non pas sans douceur. Mais quand Dante livrait la fin de sa vie à des amours passagers, quel homme avait mieux senti une passion profonde, cette antique flamme célébrée par lui et par Virgile ?

Chose étrange ! qu’on veuille nous tenir à une morale barbare, fondée sur des instincts grossiers, qui nous défend des fautes qu’on ne connaît plus, qui nous interdit le divorce et la bestialité. Eh ! lapidons-nous devant la maison de son père la fille qui a perdu sa virginité ? La culture des esprits et l’égalité des