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vivent. Plus les temps où ils agissent sont barbares, plus ils ont emprunté à ces temps ; car leur esprit n’a pu s’instruire nulle part que dans la barbarie ; si les temps sont éclairés, ils apportent aussi à leur pays des idées étrangères et puisent à différentes sources. À mesure que les temps s’éclairent, le législateur diminue de proportion et d’action ; chez les barbares, il est Dieu ; homme, chez nous, il cherche les intentions du ciel, mais il n’a plus pour lui le tonnerre et la foi. Il y aura donc des principes éternels et des principes variables : l’homme, éternellement père, fils, frère, amant, devra labourer la terre, souffrir, mourir ; éternellement ses passions perdront et retrouveront l’éclat ; éternellement il éprouvera des déceptions et ses jours seront mélangés. Étonné de vivre, s’effrayant de mourir, il trouvera la loi humaine cruelle ; il s’agitera sur la terre ; il cherchera quel créateur, quel maître l’a mis ici-bas. Placé sur la terre sans savoir comment, il pourra croire que c’est son devoir d’y rester, quoique rien n’indique qu’il n’ait pas droit de quitter violemment le poste.

La famille, l’union de l’homme et de la femme, le mariage, seront des lois éternelles ; mais le mode du mariage et sa durée varieront avec le caractère des peuples. Jésus-Christ, s’inspirant de l’amour qui dicte les engagemens sans terme, consacra la pureté, et rejetant le divorce établi par Moïse, enchaîna la nature dans les erreurs mêmes où elle peut tomber. Les Romains, qui restent les maîtres en tant de choses, avec la pureté de Jésus-Christ, avec l’instinct sublime des passions, honorèrent un sentiment unique, mais, n’exigeant pas de tous les hommes une égale perfection ou un égal bonheur, ils établirent le divorce. Le divorce suit les lumières et ce développement des intelligences cultivées qui souvent change un homme de vingt à trente ans.