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la gloire, on nous oppose cette éternelle grossesse où l’on a attaché la honte. Non seulement il semble que les femmes accouchent toutes, mais qu’elles sont toujours enceintes ; or, à la ville comme au village, la petite propriété a fort changé les mœurs.

Nous avouerons d’ailleurs ce qu’on proclame : oui, le passé, l’histoire, semblent prouver l’infériorité de la femme : sa facilité à adopter un préjugé, la vertu stupide dont elle s’est contentée si long-temps, déposent contre elle. Nulle nation n’a gardé ainsi contre son intérêt un principe absurde durant la suite des siècles. La manière lâche et rusée dont la femme a secoué le joug en jouant son maître, le peu de force et de dignité qu’elle a montré pour s’emparer d’une vie meilleure, lui seront justement reprochés. Ce sexe n’a rien produit qui l’égale à l’homme ; si des actions héroïques ont montré sa valeur, si le sceptre fut tenu vigoureusement par ses mains délicates, si le cri de sa douleur a traversé les siècles, nulle femme n’est à comparer pourtant aux premiers hommes de l’histoire ou des lettres. Reines, nulle n’égala Alexandre ; penseur, nulle n’est restée. Leur corps, leur santé fragile, leur faiblesse physique s’oppose-t-elle à ces puissans élans de la volonté et de l’imagination ? Est-ce leur position inférieure qui gêna le complet développement de leurs forces ? et Sémiramis n’est-elle pas comparable, pour le génie et la guerre, aux plus grands hommes ?

Malgré cette maternité qu’on leur oppose, c’est dans l’action que la femme s’est le plus signalée. Peu d’écrits sortis de leurs mains sont dignes d’admiration ; mais, comme reines, comme guerrières, comme chefs politiques, elles ont laissé de grands modèles : ainsi, les nations qui ont appelé les femmes sur le trône en ont trouvé plusieurs dignes du trône ; les pays qui leur ont mis les armes à la main les ont trouvées habiles et intrépides ; l’Italie, qui les a éprou-