Page:Allart - La Femme et la democratie de nos temps.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
98

c’est que le pays est plus peuplé pour la politique.

Dans les villes hardies et folles de France, il s’est développé une sorte de charge plus grande que tribunitienne, une sorte de magistrature, toujours prête pour exciter le peuple : c’est la presse.

La presse a été belle quand elle a été dirigée par MM. de Chateaubriand, B. Constant, Thiers, etc. ; mais le pouvoir du peuple augmentant toujours, il s’est emparé de la presse et en abuse ; la presse s’inspire du peuple, il est vrai, mais elle l’excite, l’égare et le corrompt ; et chez une nation vive et légère, elle a plus d’influence que partout ailleurs. On parle de la liberté de la presse en Angleterre, en oubliant que l’Angleterre est en tutelle sous l’aristocratie. Depuis la chute de l’Empereur, ces difficultés se sont toujours fait sentir davantage, et le mouvement des villes a menacé tous les gouvernemens.

Les absurdités où la presse a jeté la restauration ont fait attribuer les torts à la restauration seule, et, en Juillet, on a ôté jusqu’à la censure. Mais qu’est-il arrivé ?

Il y avait alors deux partis à prendre, celui de la liberté européenne, de la république et de la conquête, pour lequel il fallait l’audace et le génie, ou celui de la modération. On a choisi le parti de la modération ; les hommes du plus grand mérite sont entrés aux affaires ; sous la restauration, un petit parti avait étudié la politique, fondé une doctrine, cherché la science trop négligée ; ce petit parti, par ses études et ses principes était le plus digne du pouvoir, et l’a obtenu. Il l’a obtenu devant la presse injuste et puissante, il l’a obtenu en commettant des fautes plus ou moins graves. Comme ces hommes n’avaient pas de pouvoir individuel, qu’ils n’avaient pas l’initiative des mesures, et qu’ils ne donnaient pas l’impulsion ; comme, ne tenant point à une aristocratie, ils étaient isolés dans l’État, les institutions, loin d’augmenter leurs