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on les comparait à 32 millions d’habitans et non à 8 millions, c’est-à-dire à 4 millions sans les femmes. On a comparé sur ce chiffre la France à l’Angleterre ; mais toujours et en tout quelle différence ! Un quart seulement des habitans en France a des sentimens civils ; les deux tiers des habitans en Angleterre ont ces sentimens. Sur 18 millions d’habitans en Angleterre, moins de 6 millions cultivent le sol, et l’on porte seulement à moins de 600,000 le nombre des propriétaires.


CHAPITRE XXXIV.


Il faut voir les choses de haut pour les bien voir. Si on avait maintenu l’aristocratie en 89, on n’aurait pas partagé les terres et commencé une ère nouvelle. La noblesse n’avait pas mérité d’être gardée : son rôle s’était fort rabaissé ; la France devait davantage aux rois et au peuple ; une suite de grands hommes plébéiens avaient préparé la révolution. Dès long-temps la noblesse, comme les corporations d’ouvriers, s’était perdue par sa force même et ses richesses, ce qui arrive chez une nation légère à tout corps puissant, s’il n’est pas soutenu par des principes. Si la grandeur de nos rois et de nos seigneurs précéda les autres, la grandeur populaire de Molière, Pascal, Voltaire, Rousseau, éleva bientôt en France la nation au dessus de ses maîtres, l’esprit au dessus du rang, et dirigea le pays vers cette aristocratie véritable qui se prépare aujourd’hui. Les cris arrachés à l’humanité souffrante, les vérités que les hommes trouvent en masse, affranchirent le pays, et quelque chose de généreux, d’universel, de philosophique résulta pour