générales où se traitaient les affaires de la démocratie entière. Un corps d’élite de 60 à 80 membres, doté, pompeux, royal, qui nominait un chef dans son sein, chef presque absolu, mais soumis aux assemblées générales. Les derniers rangs de la hiérarchie pouvaient atteindre au trône ; le talent suffisait pour y conduire ; et comme un moment la vertu dut s’y joindre, un moment cette démocratie réalisa ce qu’on peut imaginer de plus élevé au monde.
Cette démocratie, c’est l’Église romaine. Comme elle était théocratique, elle joignit à sa force humaine une force sublime dont elle abusa aussitôt. Nous ne voulons pas parler ici de sa religion, sa domination sur les rois, ses croisades, son élan particulier, mais seulement d’une hiérarchie libérale et puissante. Comme gouvernement, cette forme est la vraie : tous sont appelés ; l’élection part de l’aristocratie même. Si la richesse et la naissance y gardent une influence difficile à détruire, la pauvreté n’y nuit point à l’ambition. Du fond de leur cellule austère de pauvres moines tinrent les yeux fixes sur la tiare sans désespérer du ciel. Ce qui reste aujourd’hui de ce gouvernement n’est qu’un cadavre ; l’esprit, l’habileté, n’y sont plus ; des vieillards dirigent d’une main tremblante un convoi ; l’État est mort ou va mourir. Mais jadis toutes les sortes de respects s’unissaient autour de ces hommes. Revêtissant la pourpre dans la force de l’âge, Dieu et la société appuyaient leur énergie. Le pouvoir religieux a toujours fini par corrompre ceux qui l’ont possédé par le doute qu’il inspire et l’abus où il entraîne. Nous n’avons voulu parler ici que de la forme démocratique, un corps recruté dans le peuple, un chef élu par le corps, le talent appelé de partout, mais l’élection haut placée.