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avec Anna : ils oubliaient qu’ils s’allaient quitter ; enfin, le moment tant retardé arriva. Jamais Julien n’avait paru si triste, si tendre ; jamais il n’avait trouvé des paroles ni des accens si touchans. Anna resta pénétrée de sa tendresse, de sa bonté ; elle était reconnaissante pour tant d’amour. Voyageant seule, elle se livra, au retour, à une exaltation qu’elle n’avait jamais connue : le visage de son amant, sa pâleur, sa distinction, sa délicatesse, cette santé qui semblait l’annonce d’une vie fragile, lui inspiraient des sentimens d’une langueur qui épuisait son âme. La religion lui faisait trouver dans son amant une ressemblance avec ce Dieu périssant jeune dans des douleurs inexprimables pour sauver le monde, et gardant jusqu’à la fin sur