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CHAPITRE VIII.

JEUNESSE DE DANTE.


Dante s’était battu à cheval en avant, à la bataille de Campaldino, contre les Gibelins d’Arezzo ; il avait couru des dangers et s’était conduit avec valeur ; parlant de Campaldino dans une de ses lettres ; « J’étais hors de l’enfance lorsque j’y combattis, dit-il, les divers événemens de cette bataille me remplirent de crainte, mais son succès me combla de joie. »

L’année d’après il suivit ses concitoyens au secours des Lucquois contre les Pisans, quand les Florentins se rendirent maîtres du château de Caprona.

Son éducation avait été dirigée par Brunetto Latini, l’homme le plus savant de ce temps, mais un profond chagrin d’amour l’avait longtemps arraché à tout autre intérêt. Brunetto Latini, qui lui enseigna les belles-lettres et la philosophie, est l’auteur du Tesoro, livre célèbre qui contient tout ce qu’on savait alors en politique, en histoire, en histoire naturelle : sorte d’encyclopédie rapide où sont exposées avec ordre la science et les erreurs du quatorzième siècle ; œuvre d’un grand esprit, encore curieuse à lire, écrite en français, parce que la langue française, dit l’auteur, est plus agréable et plus commune que toutes les autres. C’est Brunetto Latini que Dante rencontré dans l’Enfer. « Je garde toujours dans ma mémoire, lui dit-il après que celui-ci lui a prédit sa gloire, et à présent avec plus de regret, une image de vous, chère et paternelle, du temps où vous m’enseigniez comment l’homme s’immortalise ; et je veux publier, pendant que je vis, combien je suis reconnaissant. »

Si Dante devait mettre à profit les leçons d’un tel maître, sa force se montra d’abord par sa sensibilité ; il con-