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de courage ou d’habileté, mais à cause du nombre supérieur des vainqueurs. Les soldats florentins, habitués aux combats, en tuent en grand nombre ; les villageois sont frappés sans pitié. Plusieurs plébéiens de Florence à cheval tiennent ferme ; plusieurs ne sont informés de rien que quand les ennemis s’enfuient. On se contenta de la victoire sans les poursuivre[1]. Les Arétins perdirent dix-sept cents hommes, outre la cavalerie et l’infanterie ; on leur fit plus de deux mille prisonniers, dont on en laissa beaucoup s’enfuir ou par amitié ou pour de l’argent. L’évêque d’Arezzo, grand guerrier, resta parmi les morts, ainsi que Guielmino di Pazzi di Val d’Arno et ses neveux ; il était le meilleur capitaine de guerre qui lut en Italie de son temps ; plusieurs autres exilés de Florence et plusieurs autres capitaines furent aussi tués. Les Florentins ne perdirent que trois hommes entre les chevaliers, mais beaucoup de citoyens et d’étrangers furent blessés.

On raconte que, le jour de la bataille, les Prieurs fatigués s’étaient endormis après vêpres, lorsqu’ils entendirent pousser la porte de leur chambre, et qu’une voix leur dit : « Levez-vous, les Arétins sont battus. » Les Prieurs se lèvent, ouvrent la porte de la chambre et ne voient personne. Ainsi on pensa qu’un miracle avait signalé cette victoire remportée sur le parti gibelin. Quand la nouvelle certaine en arriva à Florence, on la célébra par des fêtes et des réjouissances[2]. Cette bataille de Campaldino est la dernière grande bataille livrée par les troupes citoyennes de Florence. Les cavaliers allemands avaient déjà intimidé les Plébéiens. On avait reconnu la supériorité des troupes exercées ; si la cavalerie de Florence et celle d’Arezzo combattirent ici avec valeur, on n’en commençait pas moins à former de petits corps de troupes exercées qui allaient bientôt s’augmenter. Dans les plaines de Lombardie des chefs d’armée s’étaient déjà faits seigneurs. Les collines de la Toscane furent moins favorables à la

  1. Cronica di Dino compagna, lib. I.
  2. G. Villani, cap. 130, lib. VII.