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par besoin de manger, se levèrent tout-à-coup et dirent : « Père, ce sera beaucoup moins douloureux si tu manges de nous, tu nous as donné cette misérable chair, dépouille-là. » Je me calmai alors pour ne pas les rendre plus tristes. Ce jour et l’autre, nous restâmes tous muets. Ah ! dure terre, pourquoi ne t’ouvris-tu pas ? Après que nous fûmes arrivés au quatrième jour, Gaddo se jeta étendu à mes pieds, disant : » Mon père, est-ce que lu ne m’aides pas ? Là il mourut, et comme tu me vois, je vis tomber les trois autres un à un entre le cinquième jour et le sixième, où je me mis déjà aveugle à tâtonner sur chacun ; deux jours je les appelai après qu’ils furent morts, ensuite la faim fit ce que n’avait pu faire la douleur. Quand il eut dit ces mots, il reprit, les yeux tournés, le misérable crâne avec des dents qui allèrent à l’os, fortes comme celles d’un chien. Ah ! Pise, honte des peuples du beau pays où l’on accentue le oui, puisque les voisins sont lents à le punir, que la Capraria et la Gorgona viennent arrêter l’Arno à son embouchure pour qu’il t’anéantisse tout entière ! Si le comte Ugolin passait pour t’avoir trahie en livrant tes châteaux, tu ne devais pas attacher ses enfans à une telle croix, leur âge nouveau les faisait innocens, nouvelle Thèbes, Uguccione, Brigala et les deux autres que ce chant a nommés. »



CHAPITRE VII.

BATAILLE DE CAMPADINO.


Une guerre avait commencé entre Florence et Arezzo, (1287) L’année précédente l’Église était vacante, le parti gibelin prit de la hardiesse. Les Gibelins d’Arezzo, relevant la tête, chassèrent les Guelfes dont les Floreutins embrassaient partout la cause. Le roi des Romains, Rodolphe, avec quelques troupes, se chargea du commandement des Gibelins. Bientôt toute la Toscane prit part à la querelle. L’évêque d’Arezzo était suivi des Gibelins