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tête ; car pourquoi traiter le gouvernement avec moins de précautions que la guerre ? Florence a joué en Italie le rôle d’Athènes en Grèce, avec la différence hélas ! des modernes aux anciens. La plèbe à Athènes ne fut pas d’ailleurs organisée si fortement ; elle avait des esclaves et pas de commerce ; les grands hommes purent la séduire et l’entraîner ; le parti du commerce, les bonshommes à Florence s’opposèrent longtemps à l’ambition publique, mais enfin, comme à Athènes, l’absence même d’un pouvoir d’en-haut précipita la plèbe sous un chef.

Mais bien que Florence opprimât son aristocratie, elle en subit pourtant en beaucoup de choses l’influence, et un peuple vainqueur de son aristocratie n’est pas un peuple sans aristocratie. Les anciens palais des nobles servirent de modèles aux marchands ; des armoiries ornèrent les gonfalons du peuple^ une élégance se montra qui n’était pas plébéienne, et si le pouvoir d’en-haut manqua dans la politique, bien des manières et des idées aristocratiques restèrent. Nous remarquerons donc jusqu’ici cinq traits qui caractérisent Florence.

Une démocratie armée et forte.

Pas de sénat ni de corps politique à vie qui fasse une science de la politique, mais pas de suffrages et l’élection dans les mains des magistrats.

Une plèbe supérieure à sa noblesse.

Le commerce dominant le caractère du peuple et entraînant dans les boutiques la noblesse elle-même.

Une noblesse vaincue mais influente, et qui donne une couleur brillante à la démocratie.

Rome et son empire victorieux encore pour tenir Florence à des idées d’humilité et de sujétion.



CHAPITRE VI.

LE COMTE UGOLIN.


Florence n’avait jamais été si prospère ; les guelfes et les marchands la gouvernaient en paix : la ville avait