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Florence et mis dans la tour du palais. Plusieurs terres de la Toscane revinrent alors au parti guelfe et chassèrent les Gibelins. Lucques, Pistoïa, Volterre, Prato, San-Giminiano. Colle, firent une ligue avec Florence. Pise et Sienne restèrent seules du parti gibelin. Il en fut de même en Lombardie. Ainsi, en peu de temps, ces deux provinces changèrent de face.

Le roi Charles, nommé par le pape, vicaire impérial en Toscane, arrive alors à Florence suivi de ses barons ; il est reçu comme seigneur et le caroccio mené à sa rencontre. Les Français apportaient un grand luxe dans.-les villes d’Italie, émerveillées de leur magnificence et de leurs façons monarchiques. Charles, durant huit jours qu’il passa à Florence, avant d’aller continuer les lents succès et la lente guerre des châteaux[1], arma plusieurs chevaliers, mais ce qu’il faut rapporter avec le plus de soin, c’est sa visite à Cimabue. Cimabue faisait renaître les beaux arts dans sa république de marchands, il finissait alors pour l’église de Sainte-Marie-Nouvelle une Vierge dont la beauté parut si admirable aux Florentins, que ce noble peuple trouva charmant de conduire le roi voir celle Vierge à l’atelier de Cimabue, au fond d’un jardin dans la solitude. Tout le monde courut dès ce moment la visiter avec tant de joie que l’endroit en prit le nom de Borgo allegri. La Vierge fut portée à Sainte-Marie-Nouvelle avec une procession et des trompettes, et Cimabue, dans ce pays du beau, se vit récompensé par la gloire et une somme considérable[2].



CHAPITRE IV.

NAISSANCE DE DANTE. — SÉJOUR DU PAPE GRÉGOIRE X. — MAGISTRATURE DE DEUX MOIS CRÉÉE PAR LE CARDINAL LATINO.

Deux ans avant le rétablissement de la liberté, dans l’année 1365, cinq ans après la bataille de l’Arbia, un grand

  1. Ricordano Malespini, cap. 188. — G. Villani, cap. 21, lib. vii. Cronica di Paolino di Piero. Muratori.
  2. Vasari, Cimabue.