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LIVRE DEUXIÈME

Vieux peuple de Florence. — Gouvernement de dix ans des anciens du peuple.


CHAPITRE PREMIER.

PREMIER TRIOMPHE DU PEUPLE SUR LA NOBLESSE ET GOUVERNEMENT POPULAIRE DES ANZIANI.


Les Gibelins vainqueurs, de retour à Florence, opprimèrent le peuple et le chargèrent d’impôts insupportables, tandis que les Guelfes au dehors l’attaquaient sans cesse. Les Uberti elles autres nobles lui prodiguaient l’insolence. Le peuple, jusqu’ici soumis au gouvernement des nobles, mais enfin lassé de leur tyrannie, songe à s’en délivrer. Les hommes de la classe moyenne ou les bons hommes se réunissent en tumulte à l’église de St-Florence (20 oct. 1250) ; n’osant rester là à cause delà force des Uberti, ils se retirent à Sainte-Croix, à l’église des Frères-Mineurs, où ils s’arrêtent quelque temps, armés et agités, sans oser retourner à leurs maisons, dans la crainte des Uberti. Puis, avec la même crainte de la seigneurie, ils s’en vont armés à Saint-Laurent ; là ils nomment, toujours en armes, trente-six caporaux du peuple, ils ôtent la seigneurie au podesta, ils changent toutes les charges, créent un gouvernement nouveau, élisent un capitaine du peuple, messer Uberto de Lucques, et enfin ils nomment douze anziani (anciens) du peuple, deux de chaque quartier, pour gouverner le peuple et conseiller le capitaine[1]. Les anziani étaient pris dans toutes les classes, puisqu’on nous en cite un cordonnier. On donne en même temps au capitaine vingt gonfalons (étendards) du peuple, sous lesquels on enrôle la jeunesse, avec ordre de se réunir chacun sous sa bannière selon qu’elle en serait requise par le capitaine du peuple

  1. Machiavel dit que leur charge était d’un an.