Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE VI.

LE GOUVERNEMENT PREND DE LA FORCE. — GUERRE CONTRE JEAN GALEAZ, DUC DE MILAN. — NOUVEAUX EXILS ET CONJURATIONS.


Les querelles de Charles de Durazzo et de Louis d’Anjou, qui étaient venus en Italie pour rétablir Jeanne de Naples sur son trône, inquiétaient les Florentins, car chacun de ces princes recherchait leur amitié. La mort de Louis les rassura ; Charles reprit le royaume de Naples qu’il avait presque perdu, et les Florentins qui ne croyaient pouvoir défendre leur ville, acquirent celle d’Arezzo, vendue par les troupes françaises de Louis, et dont ils prirent les châteaux

Effrayée des compagnies, Florence se ligue avec Bologne, Pise, Lucques, etc., pour leur résister ; mais dès qu’elle était rassurée, des divisions se rallumaient dans son sein : les Alberti, appuis éternels de la plèbe, inspiraient de lé jalousie au gouvernement. Leurs richesses, leur luxe royal donnaient l’idée qu’ils pourraient d’un jour à l’autre s’emparer du pouvoir ; une circonstance vient les favoriser et les perdre : on forme un balia qui bannit Benoit Alberti et tous les Alberti, excepté Antoine ; plusieurs autres citoyens sont admonétés et bannis avec beaucoup d’artisans des dernières classes ; on resserre encore les droits des arts mineurs qui n’ont plus qu’un quart des charges au lieu du tiers. Ainsi le gouvernement prenait de la force, et chose remarquable ! après l’exil des Alberti on fit une bourse séparée (1387), appelée le borsellino, des hommes confidens de l’état, d’où en toute circonstance on en tirait deux : on appelait les Prieurs tirés de là, les Prieurs del borsellino[1].

  1. Ammirato, lib. xv.