Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée

civile, descendue jusqu’au dernier rang ; nous ne nous retracerons jamais parfaitement dans nos vastes monarchies et nos capitales, cette vitalité de Florence, ce peuple à tout moment armé sous ses gonfalons, bouleversé par la nouvelle du jour, faisant retentir à chaque instant la ville de sa fureur ou de sa joie, modéré après le premier emportement, et associant l’idée de son influence et de son nombre à la bassesse où l’opinion le tenait encore, car cette plèbe enflammée était traitée de vile canaille par les citoyens. La vie civile dans un si petit espace a beaucoup de charme ; chacun se connaît ; la renommée des actions est portée par cent voix dans tous les quartiers de la ville ; chaque individu est compté. Ce qui désenchante la pauvreté c’est la solitude, l’inaction et le silence, mais quand les pauvres ont des bannières ils sont puissans et plus que riches. Et réveillons de sa tombe un teinturier, un cabaretier de Florence ; avant de s’informer du cours du marché, il demandera s’il n’est point sorti du scrutin Prieur ou gonfalonier, si la jalousie des Albizzi n’a pas détourné son nom de la bourse ; il voudra savoir si les arts mineurs ont conservé les trois arts nouveaux, obtenus par l’émeute des ciompi, ou si on a resserré le nombre des arts mineurs comme les Guelfes en menaçaient si souvent ; il demandera si les Alberti sont en exil. C’est ainsi que lorsque Dante rencontre aux enfers Farinata des Uberli, il ne le trouve occupé que des luttes et des partis de Florence, qui le tourmentaient plus, dit le damné, que le lit de feu où il était couché !



CHAPITRE IV.

GOUVERNEMENT DES ARTS MINEURS.


Les nouveaux seigneurs pour n’étre pas chassés comme les précédens se nomment une garde ; ils rappellent les