LIVRE SIXIÈME.
Les Albizzi. — Les Ciompi.
CHAPITRE PREMIER.
LES ALBIZZI ET LES BICCI. — ADMONITIONS.
Florence arrive à une époque de réaction dont elle n’avait
pas offert encore l’exemple. Ici la politique va devenir
plus habile, plus rusée. Ces agitations toutefois ne succédèrent
pas immédiatement à la peste à laquelle le bon
Villani les comparait, la commune ranima insensiblement
ses forces au milieu de beaucoup d’affaires sans importance
à l’intérieur et à l’extérieur. Nous rejeterons les
détails d’une guerre de petits combats qu’elle soutint
contre l’archevêque de Milan, Jean Visconti, car l’histoire
comme le temps ne prend d’importance que parles événemens
dignes de lui en donner ; ce qu’il y eut de plus remarquable
dans cette guerre, ce fut le caractère de l’ennemi
Jean Visconti, archevêque de Milan, un grand homme de
celte illustre maison aux armes de la couleuvre qui, plus
ambitieuse et plus habile que les républiques, fondait alors
à Milan une puissance si redoutable. Les masses à Florence
n’avaient pas ces ambitions ; les grands caractères
les ont avant les peuples ; on a vu seulement le peuple
romain et la nation française pénétrés d’un sentiment
de puissance nationale. Les Florentins, pour résister à
l’archevêque, s’étaient emparés de Prato et de Pistoïa
(1351), s’étalent ligués avec Sienne, avaient augmenté
leurs gabelles et traité avec l’empereur Charles IV qui
arrivait en Italie et cherchait de l’argent.
(1354.) Après la guerre, deux familles qui devaient renouveler les éternelles querelles des Buondelmont et des Uberti, des Cerchi et des Donati, s’armèrent à cause de la terreur causée par ces troupes errantes appelées compagnies et envoyées en Italie par les empereurs d’Allemagne