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LIVRE I.

grande contrée, mais isolement, et barbarie de chaque localité : l’histoire a depuis porté le jour sur tant de villes séparées ; mais alors tout était obscur et confondu. Celte clarté, celle lucidité, que l’esprit trouve par le temps et les classifications, n’existait nulle pari ; c’est dénaturer en quelque sorte Thistoire de ces âges, que de la donner distincte et lumineuse ; il faut voir l’épaisseur, la confusion » les répétitions éternelles des historiens contemporains ; leur vue ne perçait pas les murs de leur cité. On avait peu d’expérience, l’esprit n’était pas ouvert ; on sortait à peine d’une longue enfance, le savoir appartenait aux prêtres, et c’est tout dire d’une religion qui était un foyer d’erreurs et de superstitions. La Toscane, la Lombardie, la Romagne, formaient autant de groupes de villes qui p : enaient successivement des institutions semblables ; les villes avaient de l’influence les unes sur les autres par le voisinage ; mais à distance les populations ne se connaissaient pas : chaque commune se renfermait dans les mesquines affaires de son petit territoire ; les municipalités républicaines agissaient séparément avec un esprit local.

Autour de Florence, Pise, Sienne, Arezzo, Pistoïa, Volterra, Lucques, fondaient leur liberté communale ; Pise fut des premières à instituer un gouvernement libre, ainsi que Gènes dont elle allait devenir rivale ; les villes de Lora. hardie s’organisaient aussi sous une liberté grossière, et ces temps portent une empreinte à la fois rustique et civile.

Florence, durant l’agitation lointaine de tant de communes, avait exercé son énergie naissante contre Fiésole, avec qui elle était toujours en guerre, puis contre les Sarrasins ; et enfin elle avait combattu pour l’Eglise durant les discordes ou l’Iliade (1) de l’Empire et des papes, qui, après avoir été soumis aux empereurs, commençaient à vouloir devenir leurs maîtres. Malgré la guerre et les fatigues, le peuple s’augmenta, quoique durant deux cents ans le nom ni la force de Florence ne pussent s’étendre ; car la campagne était toute pleine de châteaux occupés par des nobles, alliés à Fiésole pour faire la guerre aux

(1) Muratori, Annali d’Italia.