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LIVRE CINQUIÈME

Castruccio. — Le duc d’Athènes. — Pétrarque et Boccace.


CHAPITRE PREMIER.

CASTRUCCIO.


Nous jeterons un coup-d’œil rapide sur les guerres de Castruccio avec Florence ; ce chef gibelin fut un de ces citoyens ambitieux que tant de villes d’Italie voyaient alors parvenir à la tyrannie ; il avait l’habileté, l’audace, la promptitude ; grand, bien fait, adroit, maigre, pâle, avec les cheveux plats et blonds, d’un visage gracieux, il étendit loin son pouvoir, ses intrigues ; lors de sa première jeunesse, en péril un jour dans une petite barque sur le Serchio, il laissa voir sa peur, et comme ceux qui étaient avec lui la lui reprochèrent quand on eut atteint le rivage, il répondit : — Chacun sait la valeur de sa vie. — Devenu chef de Lucques, non seulement il s’empara de l’autorité en Toscane, mais il s’allia aux Visconti, prit de l’influence sur l’empereur Louis de Bavière, et renforça tout le parti gibelin. Avait-il comme les Visconti l’espoir d’élever sa maison ? Avec sa petite souveraineté de Lucques et sa fortune passagère, pouvait-il espérer de fonder la fortune de ses fils, ou plutôt, poussé par son énergie dans cette forte carrière où s’élançaient tous les grands hommes de l’Italie, n’avait-il d’autre but que d’exercer ses talens ? Un principe à la fois vital et corrupteur développait et altérait le génie en Italie la liberté avait éveillé une fois les forces, mais cette liberté sans règle leur avait depuis permis de s’égarer ; on sentait son énergie, on voulait la montrer ; sortant des voies légitimes, mal tracées, on laissait l’ambition choisir les moyens : ce fleuve du midi, rapide et puissant roula chargé de limon, sans un lit où purifier et reposer ses eaux.