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CHAPITRE VII.

DANTE ET LA DIVINE COMÉDIE. — LETTRES ET BEAUX-ARTS EN ITALIE.


La vieille histoire dit : « Dans l’année 1321, au 27 de juin, le soleil s’obscurcit pour une heure ; dans la même année mourut Philippe, roi de France[1]. » Nous, nous disons : Dans la même année mourut Danle Alighieri.

Dante meurt après avoir chanté son époque et célébré les hommes de son temps. Nous l’avons suivi pour raconter l’histoire, soit à la bataille de Campaldino, où il fit ses premières armes ; soit lors du gouvernement des blancs, où il fut seigneur : soit lorsque nous avons montré ces Florentins agrandis par son génie et ces affections civiles qu’il comprit passionnément. Mais ce fut en vain que Dante eut les vertus de la guerre et du gouvernement ; il traîna dans la proscription la plus importante partie de sa vie. Il nous a dit combien l’exil lui avait été amer ; on sait trop ces tristes paroles que lui adresse son trisaïeul qu’il rencontre au paradis

« De même qu’Hippolyte, victime de sa perfide belle-mère, quitta Athènes, de même il faut que tu quittes Florence. Il le faut, déjà on y travaille, et bientôt on y réussira, là où tous les jours on trafique du Christ. On mettra le tort sur le parti opprimé, comme il est d’usage, mais la vengeance fera témoignage de la vérité. Tu quitteras ce que tu as chéri le plus, et c’est la première flèche que lance l’arc de l’exil. Tu éprouveras combien le pain des autres est amer, et combien il est dur de monter et de descendre l’escalier d’autrui. Et ce qui te sera le plus pesant, sera la compagnie méchante et sotte avec laquelle tu tomberas dans cette vallée ; cette compagnie ingrate, folle et impie, se mettra contre toi ; mais bientôt elle, et non pas toi, aura à rougir ;

  1. G. Villani, cap. 130. lib. IX.