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mais il exhorte ses amis, loue et excite les combattans ; contre une troupe si nombreuse, il avait peu de monde, car le péril avait été imprévu. On oppose barricades à barricades ; on s’attaque avec l’arbalète, la lance, les pierres et le feu. On combattit une grande partie du jour ; enfin Corso Donati voyant que son parti restait immobile au lieu de se montrer pour l’aider, qu’il n’avait nul secours à attendre, fit rompre la barricade ; ses amis s’enfuirent dans les maisons et se mêlèrent aux citoyens. Beaucoup de combattans déployèrent une grande bravoure. Une troupe de seigneurs poursuivit Gberardo Bordoni, le renversa de sou cheval, le tua, et un jeune Adimari lui coupa la main (ce qui fut beaucoup blâmé), l’emporta à sa maison, et l’attacha à la porte d’un autre Adimari. Corso Donati s’enfuyant seul, est joint à la ville Rovezzano ; on le reconnaît, on le saisit pour le ramener à Florence ; il offre de l’argent pour s’échapper, tâche par son éloquence de se faire rendre la liberté, mais ne pouvant y parvenir, et ramené déjà vers l’abbaye de San-Salvi, où il avait fait beaucoup de mal, perdu des pieds et des mains par la goutte, il se laissa tomber de cheval ; un des hommes armés le voyant à terre, lui donne de sa lance un coup mortel dans la gorge, et le laisse pour mort. Les moines de San-Salvi le portèrent à leur monastère (10 septembre 1307) ; les uns disent vivant encore et pénitent ; les autres déjà mort ; et par crainte de la commune, on l’enterra aussitôt sans pompe, dans l’abbaye.



CHAPITRE VI.

HENRI VII. — ESPOIR DE DANTE ET SA LETTRE À CE PRINCE.


Il est un hommage que les hommes, rois ou citoyens, rendent aux grands hommes, qui est de les prendre pour modèles, d’en adopter le ihuu. Robert, roi de Naples, qui [1]

  1. Dino Compagni, lib. III. — Machiavelli, lib. II.