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fois, en ces temps, as-tu changé de lois, de monnaies, de magistratures, de mœurs, et renouvelé tes membres ! Si tu t’en souviens, si tu vois clair, tu verras que tu ressembles à un malade qui, sans repos sur sa couche, change de place pour combattre sa douleur. »



CHAPITRE IV.

DANTE DEVENU GIBELIN.


C’est dans l’exil que Dante confondit sa cause avec celle des Gibelins ; les blancs reprochaient aux noirs de les appeler Gibelins quand ils étaient Guelfes, et ils ne devinrent Gibelins que par les revers. Pouvait-on appeler Gibelins les Adimari, les Tosinghi, et tant d’autres qui avaient si bien servi le parti guelfe, et Dante d’une famille guelfe ? Les vrais Gibelins c’était les Uberti, rebelles à leur pati ie depuis quarante ans, sans trouver merci ni miséricorde, sans abaisser leur rang, héros à la tête de toutes les entreprises contre les Guelfes, compagnons des rois et des seigneurs, et voués toujours aux grandes choses. C’est Tolosato Uberti qui commanda alors les blancs, réfugiés à Bologne, alliés avec Arezzo et Pise, et c’est lui qui vint aussitôt rapporter la guerre eu Toscane.

Dante, qui était à Rome lors de son exil, avait été envoyé près du pape Boniface VIII pour le détourner d’envoyer Charles de Valois à Florence, ou pour promettre l’union des citoyens.

Quand la république songea d’abord à envoyer Dante à Rome, il fît cette réponse hautaine : S’io va chista ; s’io s’to chi va ? Si je vais, qui reste ; si je reste, qui va ? Boccace nous apprend combien était grande son influence dans sa patrie : livré tout entier aux affaires, il était consulté sur chaque question, et ne songeait qu’à rétablir l’union entre ses concitoyens. Exilé et ruiné, Dante laissa