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CHAPITRE III.

BLANCS ET NOIRS. — ARRIVÉE DE CHARLES DE VALOIS. — EXIL DES BLANCS.


« Levez-vous ! ô méchans citoyens ! auteurs de tous les scandales, prenez dans vos mains le fer et le feu, et déployez votre perversité ; montrez votre iniquité et vos coupables desseins ; ne tardez plus ; allez, mettez en ruines les beautés de votre ville, répandez le sang de vos frères, dépouillez-vous de la foi et de l’amour ; refusez-vous les uns aux autres aide et service ; semez vos mensonges qui rempliront les greniers de vos fils ; faites comme Sylla dans la ville de Rome ; tous les maux qu’il fit en dix ans, Marius les vengea en peu de jours. Croyez-vous que la justice de Dieu viendra moins ? celle du monde pourtant rend un pour un. Regardez si vos anciens tirèrent profit de leurs discordes. Troquez les honneurs qu’ils acquirent. Ne tardez pas, malheureux ! on perd plus dans un seul jour de guerre qu’on ne gagne par plusieurs années de paix, et l’étincelle est petite qui mène un grand État à sa destruction. »

C’est ainsi que Dino Compagni commence le second livre de sa Chronique, où il va conter comment Charles de Valois fut envoyé par le pape pour rétablir la paix à Florence. Ce prince, frère de Philippe-le-Bel, était venu en Italie pour secourir le roi Charles dans sa guerre de Sicile, et avec l’espoir que lui donnait le pape d’être élu empereur. Les paroles faussement rapportées font plus de mal à Florence que les pointes de fer : on avait tant répété à Boniface VIII que les blancs rendraient Florence aux Gibelins ; les marchands florentins du pontife formaient tant d’intrigues autour de lui, qu’à l’arrivée de Charles de Valois, il pria ce prince de se rendre à Florence. Charles avait reçu à Bologne, dans sa roule, les ambassadeurs florentins des deux partis ; les noirs se vantaient d’être Guelfes et amis