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pour notre ville, dit Villani, et surtout pour le peuple, car c’était l’homme le plus loyal et le plébéien le plus droit de Florence, ami du bien public, et ne reprenant pas ce qu’il mettait en commun. Il était présomptueux, il voulait accomplir ses vengeances, et en fit une contre les Abatti, ses voisins, avec le bras de la commune, et peut-être ce fut par ses péchés qu’il se trouva puni innocent par les lois mêmes qu’il avait faites[1]. »

Sa chute amena de grands changemens ; les artisans et le bas peuple se trouvèrent éloignés pour longtemps du pouvoir, qui resta aux arts majeurs et aux riches plébéiens.



CHAPITRE II.

DONATI ET CERCHI.

Après le départ de Giano della Bella, les citoyens accusent ses amis qui sont condamnés, les uns à cinq cents livres, les autres à mille ; quelques-uns contumaces ; la ville agitée se divise entre ceux qui le louent et ceux qui le blâment ; on passe ses actions en revue ; ses ennemis entrent en charge. Le grand boucher, appelé Pecora, homme fourbe, pervers, flatteur, corrompait le bas peuple, formait des intrigues, faisait croire aux seigneurs qu’ils étaient élus par son influence ; il trompait les autres en leur promettant des charges ; hardi, effronté, bavard, il nommait ouvertement ceux qui avaient conjuré contre Giano ; avec peu de suite, et plus cruel que juste, nourrissant des haines sans motif, il parlait souvent dans les conseils, disait que c’était lui qui avait renversé la tyrannie de Giano, et que bien souvent il avait été, durant la nuit, avec une faible lanterne, exciter les conjurés et se

  1. Villani, cap. 8, lib. VIII.