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Aujourd’hui, on est revenu à des notions plus saines et les progrès accomplis par analyse chimique ont prouvé que telle plante s’assimilait telle substance propre à la nourrir, tandis que telle autre plante, composée d’éléments différents de composition, demandait au sol ces éléments et rejetait tous les autres. La théorie qui disait qu’une plante ne pouvait vivre au milieu de ses excréments était donc juste en apparence, mais fausse en ce qu’elle n’indiquait pas que l’aspect chétif de la plante était dû au manque dans le sol des principes propres à sa nutrition, le sol en ayant été dépouillé par les récoltes précédentes. Dans ce cas, le sol peut être très riche, mais c’est en principes assimilables d’un autre ordre que ceux pouvant constituer la plante en question.

Cette vérité éclaire d’une vive lueur le vice que présente l’assolement triennal, faisant toujours revenir sur le même terrain une même plante ou une autre plante de la même famille. Aussi en est-il résulté que le froment que l’on y cultive toujours ne trouve plus dans le sol la quantité d’éléments nécessaire à la végétation du blé qui alors ne donne que de maigres produits en grains ; le peu de fumier qu’on y met et les sels apportés par les pluies étant insuffisants pour permettre une végétation vigoureuse de la plante.

Ceci explique le triomphe général, les avantages immenses que présentent les cultures alternes, la succession régulière de plantes d’une composition fort différente, dont les excrétions des unes servent à la nutrition des autres. Nous en avons un exemple frappant dans la vigueur des premières luzernes et sainfoins établis souvent sur un sol