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À quelques jours de là, le colonel recommanda au négociant la lecture d’une de ces petites chroniques de la France, où le père Fulbert-Dumonteil passe en revue les mœurs de tous les animaux ; depuis la sole au gratin jusqu’à la panthère des Batignolles.

Cette fois, il s’agissait d’un mouflon, animal cher à Bergerat.

« … Ses amours sont ardentes et jalouses, presque aussi formidables que ses colères. Quand vient le printemps, le mouflon se forme un harem au milieu des myrtes verts, des bruyères roses, et malheur à l’audacieux qui oserait s’approcher ! Chez les mouflons, la guerre se mêle toujours à l’amour ; ce sont des combats homériques, des luttes épouvantables. Le sol résonne sourdement sous les pieds des rivaux, et l’on entend au loin le cliquetis des cornes qui met en