Page:Allais - Vive la vie.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus bêtes de mon âge, pour ce qui est des pourchas d’amour (à part ça, d’une intelligence remarquable).

Jamais je n’osai déclarer ma flamme à madame Galerie (c’est ainsi que je l’appelais, dans l’ignorance de toute autre dénomination).

Chaque matin, je la rencontrais qui faisait son marché. Je la saluais, d’un air que je m’efforçais de rendre indifférent.

Elle me souriait très engageamment. Et je m’enfuyais. Idiot, va !

Régulièrement, chaque jour, dans l’après-midi, j’entrais au magasin et je faisais l’emplette d’un petit mouchoir à quatre sous (un solde de fin de saison qui ne s’épuisait jamais).

Elle recevait mes vingt centimes avec un sourire qui me semblait un entre-bâillement d’Éden, et je m’en allais rouge comme le dernier des coqs. Cré couillon, va !