Page:Allais - Vive la vie.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

je jouai au naturel mon rôle d’idiot passionné.

Elle me répondait tranquillement, posément, avec un air de petite femme bien gentille et bien raisonnable.

Et j’y revins tous les jours, et même deux fois par jour, car j’avais fini par connaître ses heures de service, et je me gardais bien de manquer ce rendez-vous, que j’étais le seul, hélas ! à me donner.

Pour rendre vraisemblables mes visites, j’écrivais des lettres à mes amis, à des indifférents.

J’envoyai notamment quelques dépêches à des personnes qui me crurent certainement frappé d’aliénation.

Jamais de ma vie je ne m’étais livré à une telle orgie de correspondance.

Et chaque jour, je me disais : « C’est pour cette fois ; je vais lui parler ! ».

Mais, chaque jour, son air sérieux me