Page:Allais - Vive la vie.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vrai chagrin composé de détresse réelle, de colère folle. Sans compter que j’étais vexé comme un dindon.

Une petite bonne amie que j’avais, et qui s’appelait Hélène (je crois bien que c’est Hélène qu’elle s’appelait), me quitta pour s’atteler à la destinée d’un Roumain sinistre et ténébreux, lequel étudiait la médecine — je me suis toujours demandé à quelle heure, par exemple.

Je ne me souviens pas d’avoir été aussi malheureux en n’importe quel laps de ma triste existence.

Dans la journée, ma peine était encore supportable. J’allais, je venais, je buvais un peu trop ; bref, j’arrivais à m’étourdir tant bien que mal.

Mais la nuit !

Oh ! les déchirants retours en la chambre vide ! Les photographies sur lesquelles on s’hypnotise au point de les voir s’animer !