Scène première
(La pendule sonne huit coups, que Dodeau compte avec ses doigts.)
Deux heures et demie… Aujourd’hui, à quatre heures précises, ma situation pécuniaire va changer du tout au tout. Mon passif ne diminuera pas, évidemment… Un passif ne diminue jamais… Mais mon actif va s’augmenter de vingt-cinq louis qui ne devront rien à personne… C’est-à-dire qu’ils ne paieront rien à personne… Ça revient au même. Je posséderai en tout cinq cent vingt-huit francs… Je me sens de très bonne humeur… C’est curieux comme l’argent aide à supporter la pauvreté… Ces vingt-cinq louis me sont absolument tombés du ciel… Je ne suis pas de ceux qui s’imaginent qu’ils n’ont qu’à ouvrir la bouche pour que les alouettes y tombent toutes rôties… Non, mais tout de même j’ouvre la bouche de temps en temps… Le ciel peut m’aider d’ailleurs un peu, car je m’aide autant que je puis. Qu’il