Je puis donc parler librement. Sache, mon vieux Muche, que je vais toucher cinq cents francs, tout à l’heure.
Tiens, justement…
Il n’est plus temps. (S’éloignant.) Je vais toucher vingt-cinq louis tout à l’heure.
Comment ça ?
Tu vas tout savoir. (Ils s’assoient sur les chaises à gauche.) Il y a quinze jours, j’étais allé au banquet des anciens élèves chassés des Lycées de Paris. J’y avais été admis par faveur bien que je n’eusse jamais été chassé que de lycées de province. Je fus présenté à un riche Hollandais, un nommé Van Heitner ; ce Hollandais, après boire, se livra, au sujet de la fidélité des femmes françaises, à des propos d’un cynisme sans égal. Que cet étranger au poil rude pût tenir de tels propos, il n’y avait rien là de si surprenant. Mais qu’il s’exprimât ainsi devant de jeunes Français dont chacun avait au moins une, sinon deux maîtresses à défendre, voilà qui, en vérité, dépassait toutes les limites… Je me levai d’un bond (il se lève), d’un seul… On avait bu, l’ai-je dit, force vins et