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gner ma maison, je passai devant un christ, un de ces christs, comme il s’en trouve là-bas, naïfs et si touchants ! Je me jetai au pied du crucifix, et, dans un élan de foi ineffable, je priai le fils de Dieu. Puis, je me relevai et m’en allai. Je n’avais pas fait vingt pas que, machinalement, je tournai la tête. Et voici ce que je vis…

Une minute d’angoisse plana sur l’assistance. L’artiste reprit :

— Voici ce que je vis : le Christ avait détaché son bras droit de la croix. De sa main libre, il me faisait ce geste qu’on appelle, dans les régiments, tailler une basane. Alors vous comprenez si, depuis ce moment-là, j’ai soupé de la religion !

Ce récit fut suivi d’un silence pénible.

Le peintre américain en profita pour entonner le second couplet de sa chan-