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… Ce petit préambule est placé là pour préparer mon honorable clientèle au récit d’un fait que beaucoup de nos lecteurs et lectrices accueilleront avec un sourire d’incrédulité coupé de quelque haussement d’épaules (une interjection désobligeante, peut-être même, brochant sur le tout).

Je ne saurais en vouloir à ces sceptiques, vu le bizarre des circonstances, et j’avoue que moi-même, si je ne connaissais les gens à qui advint l’histoire, je me refuserais franchement à y apporter la moindre foi.

Vendredi dernier, vers dix heures et quart du matin (je tiens à préciser), la femme de mon jardinier dit à son petit garçon :

— Tiens, Julien, voilà cinq francs, tu vas aller à la poissonnerie me chercher une anguille… Il paraît qu’il y en a de superbes, aujourd’hui, à ce que vient de me dire la