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Cap[1] donc accomplissait son service militaire dans je ne sais plus quelle garnison montagneuse, très réputée pour son extrême frigidité.

Une nuit qu’il était de faction près de la poudrière et qu’il avait oublié ses gants, une terreur folle le prit : ses deux mains, ses deux pauvres mains, subitement, s’engourdissaient à vue d’œil, si j’ose m’exprimer ainsi, et, nul doute ! ces appendices, si utiles à l’homme, allaient, radicalement, geler.

Horrible situation !

Avoir les mains gelées !

Et le pauvre garçon, lâchant vite son flingot, se mit à souffler dans ses doigts, frappa ses mains l’une contre l’autre, les enfouit dans ses poches et dans les replis intimes de son vêtement.

Rien n’y faisait : ses mains, il en avait la perception effroyablement nette, prenaient à grands pas le chemin du gel définitif.

C’est alors qu’il l’eut, l’éclair de génie !

Se saisissant de son fusil, il n’hésita pas à

  1. Avant de se vouer à la marine, Cap tint à faire quelques années de service dans l’armée de terre, afin de se rendre compte, assure-t-il, des abus qu’on y voit fourmiller.