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produit un bien déplaisant soubresaut.)

Le fiacre qui trimballait les amours de madame Flanchard dut faire comme les autres et prendre la file, au pas.

Justement, sur le trottoir en face, se trouvait M. Flanchard.

Tâchez d’expliquer ce phénomène, ô grossiers matérialistes : Tout à coup, M. Flanchard ressentit à la poitrine le choc affreux du pressentiment.

Avec l’assurance inconsciente des somnambules, il se dirigea tout droit, sans une seconde d’hésitation, vers le sapin coupable.

Il ne s’était pas trompé : sa femme y était, mais elle y était seule.

Personne, vous entendez bien, n’était descendu de la voiture, et pourtant elle y était seule !

Tout à la joie de son erreur, Flanchard se retira, radieux d’avoir une tant fidèle épouse.

C’est là où se corse cette action ténébreuse. Quelques minutes plus tard, ILS ÉTAIENT DEUX dans le fiacre.

Personne, vous entendez bien n’était monté dans le fiacre, et pourtant, ils étaient deux !

Ils étaient même deux qui s’amusaient joliment.

Toute rose, madame Flanchard racontait son trac de la rencontre.

Et, sur le ton de la remontrance doucement triomphante, le petit homme disait :

— Tu vois, hein ?… Toi qui ne voulais pas !

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La vie parisienne pullule de mystères gros ou petits, souvent inextricables, et dont les héros emportent le secret avec eux dans la tombe.