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Il n’eut rien de plus pressé, rentré dans ses foyers, que de me présenter à sa femme.

Ce qui devait arriver arriva : sa femme m’adora et je gobai sa femme.

(Contrairement à l’esthétique des gens délicats, je préfère les femmes d’amis aux autres : comme ça, on sait à qui on a affaire.)

Vous la connaissez tous, ô Parisiens de Montmartre (les autres m’indiffèrent) ! Mille fois, en regagnant la Butte, vous l’avez contemplée, trônant à son comptoir, dans l’or incomptable de ses pains, sous l’azur éternel de son plafond, où s’éperdent les hirondelles.

Sa jolie petite tête, coiffée à la vierge, fait un drôle d’effet sur sa poitrine trop forte : mais, moi, j’aime ça.

Au moral, Marie (car elle s’appelle Marie, comme vous et moi) représente un singulier mélange de candeur et de vice, d’ignorance et de machiavélisme.

Ingénue comme un ver et roublarde comme une pelote de ficelle.

Avec ça, très donnante, mais mettant dans ses présents une délicatesse bien à elle.

— Comment ! tu n’as pas de montre ? me