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une horreur instinctive pour les centigrammes et les milligrammes, que j’estimais si misérables ! Ah ! parlez-moi des grammes.

Et il m’advint souvent d’ajouter copieusement les plus redoutables toxiques à des préparations réputées anodines jusqu’alors.


J’aimais surtout faire des veuves : une idée à moi.

Dès qu’une cliente un peu gentille se présentait à l’officine, porteuse d’une ordonnance :

— Qu’est-ce que vous avez donc de malade, chez vous, madame ?

— C’est mon mari, monsieur… Oh ! ce n’est pas grave… Un petit enrouement.

Alors je me disais : « Ah ! il est enroué, ton mari ? eh bien ! je me charge de lui rendre la pureté de son organe. » Et il était bien rare, le surlendemain, de ne pas rencontrer un enterrement dans le quartier.

C’était le bon temps !


Dans une pharmacie où je me trouvais vers cette époque ou à peu près, j’étais doué