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Le petit troquet a dit à ses parents qu’il s’était fichu par terre, et que c’est pour ça qu’il saignait du nez.

Le lendemain, il revint tirer la natte de la pauvre petite lampiste.

Alors, voilà la petite lampiste qui se met en colère et qui se demande comment elle ferait pour faire une bonne blague au mauvais petit troquet.

Voici ce qu’elle a fait :

Elle l’a invité à faire la dînette, avec elle, un jeudi, et d’autres petites filles.

On commence par manger des gâteaux, du raisin, de tout, et puis elle dit :

— Maintenant, nous allons boire du vin blanc.

Et elle remplit les verres avec de l’essence qui sert pour les lampes.

Les petites filles, qui étaient averties, n’ont rien bu, mais le mauvais petit troquet a tout avalé.

Il fut malade comme un cheval, et même sa maman croyait bien qu’il en claquerait, mais il était tellement entêté qu’il n’a jamais voulu dire comment ça lui était venu.

Heureusement qu’ils avaient un bon médecin qui l’a guéri.

Quand il a été guéri, il a été embrasser la petite lampiste, et lui a demandé pardon de ses méchancetés, et depuis, il ne lui a jamais tiré sa natte, ni tapé sur les arrosoirs.

Il est devenu très gentil, ses cheveux ont été moins rouges, ses taches de rousseur se sont en allées, ses oreilles se sont recollées et son nez n’a plus ressemblé à un museau de chien de boucher.