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ce jour-là que je connus les deux premiers journalistes de ma vie.

Il s’agit de M. Mermeix, alors rédacteur au Gaulois, et de M. Mayer-Lévy (israélite, je crois).

Cette jolie fête faillit être gâtée par un accident regrettable : un petit garçon, voulant attraper les cymbales, se hissa sur l’estrade des musiciens. Le pied lui manqua, et voilà mon bonhomme par terre.

Malheureusement, les cymbales glissèrent également et firent au jeune imprudent une assez forte bosse au front.

Pendant qu’on l’emportait chez un pharmacien, une jeune fille me demanda :

— Qu’y a-t-il donc ?

— Oh ! rien, fis-je.

Et, parodiant un vers bien connu de notre grand poète national, j’ajoutai plaisamment :

L’enfant avait reçu des cymbal’ sur la tête.

Sans s’émouvoir, et du tic au tac, la jeune fille répondit sur le même ton que moi :

Il aimait trop les cymbales, c’est ce qui l’a tué.

J’admirai tant d’esprit et de sang-froid chez une frêle jeune fille (elle était frêle) et