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Au bout de trois quarts d’heure de suppliques, il se laissa enfin toucher et, contre tous les règlements, accorda au soldat de 2e classe Martin une permission de huit jours.

Le lendemain soir, un dîner familial réunissait les trois membres de la famille Martin.

Le père était moins inexorable, à cette heure.

Mais il était bien temps !…

Avant de se coucher, selon sa coutume immémoriale, M. Martin s’accouda sur le balcon et alluma sa pipe, sa bonne pipe.

La mère et le fils devisaient dans le petit salon.

— Alors, disait la mère, tu dis qu’il n’y a aucun moyen de sortir de cet affreux régiment.

— Aucun, maman, à moins de me faire réformer ou de devenir fils de veuve…

— Fils de veuve, dis-tu ?

— Oui, maman, fils de veuve.

La mère réfléchit un instant, puis brusquement :

— Est-ce que tu tiens beaucoup à ton père ?

— Pas du tout, maman, et toi ?

— Oh ! moi !…

Et elle esquissa un geste parfaitement dédaigneux pour l’époux. Puis elle reprit :

— Tiens, regarde-moi.

À ce moment, M. Martin se trouvait penché très en avant.