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Mme  Martin d’aller recommander elle-même son fils au capitaine et au colonel.

L’infortunée commença par le capitaine, un jeune capitaine de trente ans, un lapin d’attaque.

Elle y resta un quart d’heure et sortit un peu consolée.

Puis ce fut le tour du colonel.

C’était le cas, le colonel frisait la soixantaine au petit fer.

La visite de Mme  Martin dura pas bien loin de trois quarts d’heure.

Mais elle en sortit tout à fait consolée.

Pas pour longtemps, car les premières lettres de Gaston furent navrantes.

On lui avait mangé tout son chocolat.

Et puis c’était un affligeant tableau de la vie militaire : mauvais lit, sale nourriture, méchants camarades, corvées pénibles, rudes exercices, brimades, passages à la couverte, etc.

Le seul moment qu’il eût de bon dans la semaine était quand, le dimanche après-midi, la musique du régiment jouait Pot de Fleurs, la prestigieuse polka-marche de Willy (H. G. V S. L. D. R.)

Mme  Martin, un beau jour, n’y put tenir.

Elle prit le train et arriva chez le colonel.

Le colonel n’avait pas vieilli, mais il n’avait pas rajeuni non plus.