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Si chacun des êtres composant le total humain se repaissait des mêmes spécialités, que ferait-on du reste ?

Quels déchets, quelles ruines économiques et sociales.

Quelle dot pourraient, à leurs crapules de futurs gendres, offrir les tripiers ?…

Grâce à quel numéraire les marchands de cidre mousseux pousseraient-ils leurs fils jusqu’à l’École polytechnique ?…

Et les trafiquants de livarot, oh !… que peu flatteur à leur égard deviendrait l’accueil de notre gracieuse Liane de Longy !…

Résumons-nous : si vous n’aimez pas les tripes et leur cortège, n’en dégoûtez pas les autres !

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À la même table, et tout à côté de moi, deux jeunes clients venaient de s’installer et c’était vraiment exquis, l’air de délices avec lequel les braves mômes engouffraient leurs portions.

Deux frères, l’aîné une quinzaine d’années, vêtu en apprenti, bien propre, l’autre dans les dix ans, écolier.

— C’est bon, hein ! reluisaient les yeux du plus gosse.

— Tu parles !

— Une bonne idée, hein ! qu’on a eue !