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— Le spectacle va bientôt commencer ?

— Dans cinq minutes.

— Bon, nous restons.

C’est plein, chez Bidel. Quelques horizontales de haute marque sont là, qui ne seraient pas fâchées peut-être de voir un fauve manger un morceau d’homme. Bonnes petites natures !

Alexiano ouvre le spectacle. Très drôle, Alexiano, et très crâne, mais sa manie de se faire lécher par une hyène borgne qui s’appelle Sarah me dégoûte. Pour moi, où il y a de la hyène, il n’y a pas de plaisir.

Maintenant, c’est Bidel, toujours jeune, toujours superbe.

La jeune personne qu’il nous présente, c’est une nommée Milady, lionne fraîchement débarquée d’Afrique et ignorante, jusqu’à présent, de toute contrainte.

Milady n’a pas l’air commode. Elle regarde son ami Bidel avec un air où le physionomiste le plus exercé découvrirait difficilement la plus petite trace de bienveillance.

Je ne suis pas plus capon qu’un autre, mais, à ce moment, les barreaux me paraissent une belle invention.

Milady a quelques velléités de s’élancer sur Bidel, mais celui-ci, bien campé sur ses jambes et brandissant l’épieu au-dessus de sa tête,