Page:Allais - À l’œil.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vingt jours après cette soirée mémorable, arriva la Mi-Carême. Il y avait le soir, à l’Alcazar de l’endroit, grand bal paré et costumé. Tout l’élément joyeux de L…, civil ou militaire, s’y rendit, le capitaine de Boisguignard comme les autres.

Au dessert, le jeune de la Folette s’était retiré, en proie, disait-il, à une violente migraine.

Un bal paré et costumé à L…, vous le voyez d’ici.

La plus franche cordialité ne cessa d’y régner, mais, malgré tout, c’était un peu rural.

Vers minuit, comme Boisguignard et quelques-uns de ses collègues se disposaient à sortir, un domino entra qui fit sensation. Ce devait être, autant qu’on pouvait en juger à travers le costume et le masque, une jeune femme d’une rare distinction.

Elle rencontra Boisguignard dans le bal et lui planta dans les yeux son regard doux et bleu. L’ardent capitaine frémit sous la secousse, et s’approcha de la dame, lui murmurant d’habiles galanteries.

Tout d’abord, elle ne répondit pas.

Mais bientôt, s’enhardissant, elle prononça quelques paroles d’une voix basse, sourde et entrecoupée par l’émotion.

Finalement, après mille manières, elle con-