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Mais le robuste percheron, vaillant et toujours prêt, donne un coup de collier. Hue !

Le côtier n’est pas un fonctionnaire brillant, mais c’est un préposé utile.

Voilà longtemps que je connais Gallifet, mais je l’avais perdu de vue. Je fus tout heureux de le retrouver, rue des Martyrs, attaché à la remorque de Halle aux Vins-Place Pigalle.

Lui aussi fut content de me revoir.

Je sais le faible de Gallifet, et, immoralement, je l’encourage.

Gallifet adore l’absinthe.

C’est un goût qu’il a contracté en Afrique, au temps lointain où, brillant margis de chasseurs, il conquérait l’Algérie avec Bugeaud. Ah ! la bonne époque !

Cette expédition d’Afrique est restée le grand souvenir de Gallifet. Quand il en parle, on voit trembler ses longues moustaches blanches, et il dit avec une émotion communicative : Ah ! monsieur !…

Son regret éternel sera d’être sorti de l’armée, son temps fini. Ah ! s’il était resté, monsieur !…

Un contrôleur de la compagnie, vieil ami de Gallifet, me raconta son histoire.

Deux ans après son départ du régiment, Gallifet répétait à qui voulait l’entendre : Si j’étais