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— J’allais m’enfuir, mademoiselle, quand je vous ai aperçue.

— Ah ! c’est gentil, ça… Et maintenant ?

— Maintenant, je reste.

— Toute votre vie ?

— Toute la vôtre, si vous voulez.

C’était complètement idiot, mais la jeune fille parut ravie tout de même.

La partie lyrique de la soirée allait prendre fin. Le dernier calicot exhalait le dernier monologue, et déjà d’actifs jeunes hommes reléguaient dans le fond les chaises pour faire place aux danses. Félicien dansa avec la jeune fille, redansa avec elle, et il apprit tout.

Elle s’appelait Victoria, tout comme la maman du prince de Galles, orpheline, bien élevée, d’une nature sensitive et délicate, et ce qu’elle s’embêtait dans ce monde-là ! non, vous ne pouvez pas vous en faire une idée.

Elle était venue avec des amies.

Les amies s’en retournèrent sans elle.

Félicien fut heureux, infiniment, pendant huit jours. Victoria, exquise.

Et puis, sa malheureuse toquade le reprit.

— Mais enfin, ma petite Victoria, dis-moi pourquoi tu m’as suivi si facilement, ce soir-là ?

— Tu avais l’air si triste !