Page:Allais - À l’œil.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La conversation s’engage entre les deux capitaines.

— Et où qu’ vous allez comme ça ? fit Dupêteau.

Un grincement de poulie empêcha ce dernier, un peu dur d’oreille, d’entendre la réponse. Il demanda à son mousse :

— Où qu’il a dit qu’il allait ?

— À Vannes.

— Ah ben, ça tombe rudement bien. Nous allons le suivre. C’est le tonnerre de Dieu pour y aller. Une fois je me suis trompé, je suis entré à Lorient, croyant être à Vannes.

Et il se mit en mesure de suivre le trois-mâts, à une distance de quelques encablures.

C’était à la fin de décembre.

Au bout de quelques jours de navigation, la chaleur devint excessive. Dupêteau enleva son tricot, puis sa chemise de flanelle.

— Cré guenon ! jamais j’ n’ai vu un temps comme ça à Noël !

Pourtant le voyage lui paraissait un peu long. On avait cependant un bon vent arrière.

La chaleur était devenue insupportable et Dupêteau trouvait décidément que c’était un drôle de mois de janvier.

L’eau douce manquant, l’équipage buvait le bordeaux du chargement.